Bagarre dans le ciel : des passagers qui trinquent
20 janvier 2025 François Teyssier Aucun commentaire People Irlande, John Ford, Ryanair 2216 vues
« The Time They are A-changin » comme le chantait Bob Dylan peu avant le début de mes études à Londres. Je résidais à proximité immédiate de Kilburn, un quartier à forte population irlandaise (officiellement labellisé le 33 e comté d’Irlande). Tous les week-ends, comme on dit là-bas, le rituel dans les pubs locaux était immuable. Les Irlandais éclusaient de la Guinness (chaude évidemment), puis, ils chantaient (un don du ciel) et se battaient peu avant l’heure de la fermeture. Un rite immuable parfaitement réglé.
Un remake des film du Maître John Ford : « la taverne de l’irlandais » ou encore de « l’homme tranquille » . Plus exactement, la thématique de la bagarre collective « à l’irlandaise. »
C’était avant, car aujourd’hui les temps ont bien changé. Les buveurs Irlandais prennent désormais l’avion d’un transporteur aérien irlandais : Ryanair, lequel faisant fi des traditions ne tolère pas que des passagers ivres et indisciplinés perpétuent ce rite à bord de ses avions. Les traditions foutent le camp…
Pire, Ryanair envoie un signal fort à ses clients et précise que dorénavant, les passagers perturbateurs seront implacablement poursuivis en justice.
Un précédent qui pourrait faire jurisprudence. Une action civile a été initiée contre un passager dont le comportement agressif a forcé, le printemps dernier un vol Dublin/Lanzarote à se dérouter vers Porto. Obligeant tous les passagers à passer une nuit imprévue prise en charge
par Ryanair. Les préjudices indirects causés par le contrevenant étant quantifiables, la note est salée. Elle se monte à plus de 15 000€.
Le montant de du dédommagement demandé au perturbateur pour couvrir les coûts les frais de cette escale imprévue.
Des frais supplémentaire qui se décomposent ainsi :
Coût du carburant supplémentaire : 800 €. Nuitée à Porto pour l’équipage et les passagers : 7 000 €.
Frais de toucher et de handling à Porto : 2 500 €.
Manque à gagner sur les ventes hors taxes à bord : 750 € (dont vraisemblablement de l’alcool, un comble.)
Frais concernant remplacement de l’équipage : 1 800 €.
Frais juridiques locaux: 2 500 €.
Volontiers donneuse de leçons, la compagnie irlandaise a exprimé son mécontentement face à l’inaction d’autres gouvernements européens à ce sujet. Le fond du problème pourrait être que Ryanair avait initialement déposé l’affaire au Portugal, mais la justice portugaise a estimé, à
juste titre semble-t-il, que l’affaire devait être jugée par les tribunaux irlandais, car elle impliquait une compagnie aérienne irlandaise à un passager irlandais.
Cela dit, pour une fois Ryanair, qui est souvent hors la loi vis-à-vis de la justice européenne, lorsqu’il s’agit de dédommager les passagers dont les vols sont annulés, retardés ou surbookés est sauvé par une jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE Arrêt n° C. 74-19 du 11 juin 2020.)
Une circonstance extraordinaire, pour une fois avérée, qui l’ exonère d’avoir à payer aux passagers l’indemnité compensatoire de 400€ par personne.
Ne connaissant pas le nombre exact de passagers à bord, donc, il est impossible de quantifier exactement l’économie réalisée par Ryanair. Décision, qui paradoxalement profite également au passager mis en cause.
En conséquence, comme souvent, ce sont les passagers qui trinquent in fine. Une locution qu’il serait malvenu de prendre au premier degré dans ce contexte de tempérance exacerbée.
En tout cas, Ryanair semble avoir trouvé une nouvelle source de revenus complémentaires.
François Teyssier
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