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Au BAR, les divergences politiques n’entraînent pas la guerre

Entre gens de bonne compagnie, les divergences les plus rudes passent toujours pour des conversations élégantes ; « à la Française », comme on disait au début du siècle dernier. Il n’empêche que ces divergences semblent persister entre les nombreuses compagnies aériennes qui travaillent sur le marché national, les aéroports et leurs autorités de tutelles.

Mardi dernier, dans les salons de l’Intercontinental Grand Paris, la dernière AG du BAR, l’association qui réunit l’ensemble des transporteurs qui opèrent en France, l’a souligné d’une manière feutrée, mais claire.

« Certes, la création d’une Autorité Indépendante va dans le bon sens aux yeux des professionnels ; sur la sécurité aussi, techniquement parlant, les choses progressent… » a rappelé le président de l’association Jean Pierre Sauvage (photo).

Mais il reste de nombreux chantiers majeurs, comme le CRE 3, avec le mode de calcul et d’allocation du montant des redevances ou la caisse dite « unique », qui continuent de bloquer le dialogue avec l’État et ADP.

Du coup, Jean-Pierre Sauvage a cru nécessaire de rappeler le poids et l’utilité du transport aérien dans l’économie française, au niveau régional et national. Il a également redit à quel point le BAR et ses membres étaient opposés aux prévisions d’investissement sur les 5 ans à venir, sans que la croissance du trafic les justifie réellement, et sur le montant du budget alloué à l’entretien des infrastructure existantes.

Ces points font d’ailleurs l’objet d’une démarche juridique auprès de la Commission Européenne… une affaire à suivre assurément.

Autre sujet d’inquiétude pour les adhérents du BAR, la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon. Échaudées par des autorités qui font en général bien peu de cas de leurs positions et de leurs contraintes spécifiques, notamment en matière de sûreté et de sécurité, les compagnies aériennes redoutent qu’une fois de plus, on tiennent trop peu compte de leur avis pour définir et tarifer les services aéroportuaires.

Heureusement, tous ces débats se déroulent dans un contexte « haussier » du trafic aérien ; c’est dans ces moments-là, justement, qu’on peut le mieux aborder les divergences les plus crues tout en cherchant les solutions dans le calme et la concorde…

Avec 33 Mds $ de bénéfice, en effet, le transport aérien mondial a connu une bonne année 2015. Pour la France, entre 2015 et 2014, le trafic a progressé de 0,9 % sur le marché domestique et de 4,2 % sur l’international…

Avec un tourisme mondial qui croit encore cette année de plus de 4 % et un pétrole toujours ancré autour, ou juste en dessous, de 30 $ le baril, la tendance devrait durer, pensent-on sans doute en haut lieu…

Dès lors pourquoi ne pas continuer à discuter entre gens de bonne compagnie ?

Et donner ainsi du temps au temps, comme disait si bien François Mitterrand.

Bertrand Figuier