Après l’épisode peu concluant de la base dont la configuration a été revue à la baisse, le groupe Air France-KLM veut reprendre sa place sur la première plate-forme de province. Il était grand temps car le groupe ne gère plus que 25 % du trafic contre 75 % il y a trois décennies.
La remise en service pour l’été des liaisons vers Athènes et Tel Aviv au départ de Nice par la compagnie Air France, après deux ans d’interruption, est une première étape dans son ambition de reprendre l’offensive au départ d’un aéroport niçois où le trafic international représente désormais 75 % soit 8 millions des 12,4 millions de passagers accueillis en 2016.
[1]Un trafic dont se sont emparées au cours des dernières années les compagnies étrangères, et notamment low cost, que ce soit sur les liaisons européennes et du Maghreb, où Air France n’est plus présent au départ de Nice, et plus récemment sur le domestique avec l’offensive d’Easyjet et Volotea, Fly Kiss, Chalair ou Igavion sur l’axe Paris Nice.
Paradoxalement, sur certains transversales, Easyjet propose ainsi plus de vols qu’Hop ! Air France alors que le domestique devrait être le point fort de la compagnie nationale.
Mais la consolidation au cours de la dernière année du réseau Hop !Air France permet en 2017 au groupe Air France-KLM avec ses déclinaisons Air France, Hop ! Air France, KLM et Transavia Hollande plus les compagnies partenaires membres de Skyteam, présentes à Nice (Delta, Tarom Czech Airlines, Alitalia, Aeroflot), d’engager une phase de reconquête, en attendant une nouvelle compagnie chargée de concurrencer les low costs sur les moyen-courriers.
Il est temps car à lui seul Easyjet propose un réseau de 32 lignes (6 sur le national) au départ de Nice, dont 3 nouvelles via une base dotée d’appareils domiciliés à Nice et 3 millions de passagers transportés en 2016.
Alors que pour l’international, l’arrivée le 4 juillet de Qatar qui proposera 5 vols par semaine vers le hub de Doha et son réseau, sera un concurrent supplémentaire.
Nous avons voulu approfondir la stratégie du transporteur en interrogeant Marc Bailliart, le Directeur régional d’Air France Méditerranée (Marseille Nice et Corse, née il y a quelques mois de la mutualisation des moyens de la direction des deux agences régionales Côte d’Azur Monaco (aéroports de Nice, Toulon et Marseille.)
LaQuotidienne : Pourquoi reprendre cet été des liaisons vers Athènes et Tel Aviv désormais en concurrence avec Aegan et El Al Sundor ?
[2]Marc Bailliart : « C’est dans un contexte économique encore difficile qu’est venue accroître les attentats de Paris et Nice, que le Groupe Air France-KLM poursuit ses efforts de reconquête avec plus de qualité de service pour ses clients et de montée en gamme de ses produits.
Lors de la création de la base Air France à Nice, nous avions effectivement créés plusieurs liaisons internationales dont Naples, Athènes, Tunis et Tel Aviv. Mais pour des raisons de plan d’économie au niveau de la compagnie et de rentabilité de la flotte, nous les avons interrompues assez rapidement
(Si Air France s’est retirée depuis 2015, Naples a été repris par Easyjet, Athènes par Aegan et Tel Aviv par El Al Sundor, ndlr).
Mais aujourd’hui, fort de la consolidation du groupe, nous pouvons engager une remise en service vers Athènes qui sera assurée deux fois par semaine à partir de juillet pour l’été et Tel Aviv avec 4 vols par semaine dès juillet également.
C’est une première étape car 2018 pourrait faire l’objet de nouvelles annonces à l’international en fonction du potentiel de clientèle et de la disponibilité de la flotte et des équipages. «
LQ : Quelle a été la politique de la compagnie sur Nice depuis 2015 ?
MB : « Toute notre stratégie ici a porté depuis deux ans sur la consolidation du trafic national avec Hop ! Air France. Les résultats sont probants nous reprenons même des parts de marché sur l’axe Nice Paris (Orly Roissy), exploitée par Air France face à notre concurrent Easyjet.
[3]Notre filiale Transavia France, après son déploiement sur Lyon et Nantes, n’est pas encore présente à Nice. Mais elle pourrait le faire bientôt. Sachant que Nice est plutôt un trafic réceptif et non émetteur, c’est donc plus difficile d’ouvrir des destinations touristiques. La concurrence ici à Nice a toujours été forte mais nous regagnons des places.
En 2016 le groupe Air France KLM a traité 3,2 millions de passagers à Nice. Pour l’international on s’appuie bien sûr sur les membres de Skyteam. Je rappelle toutefois que grâce à notre réseau longs courriers à Roissy nous drainons ensuite à Nice un grand nombre de touristes étranger. Par exemple sur nos lignes en provenance du Japon, de Corée ou de Chine 70 % des passagers sont asiatiques.
Si l’on compare par exemple avec les vols d’Emirates, on constate que la proportion est inverse. Les vols sont davantage utilisés par des clients français allant à Dubaï ou l’océan Indien. Pour l’avenir comme nous le faisons avec le vol de Delta sur Nice New York, nous pratiquerons le code share pour les longs courriers. Ce sera le cas si une compagnie chinoise prend le risque d’ouvrir sur Nice. »
A Nice, Air France emploie 400 personnes sont 150 personnels naviguant à l’escale et une cinquantaine au siège Côte d’Azur Monaco. alors que le siège administratif en accueille une cinquantaine. Marc Bailliart , auparavant Directeur l’agence Côte d’Azur Monaco en a pris la direction en étant épaulé par un directeur commercial et un chef des ventes.
Propos recueillis par Michel Bovas