Retour sur un fait divers peu commun dans le petit monde du transport aérien : Le 10 mars 2015, le pilote d’un Airbus A.330 de la compagnie Air Asia, sans doute distrait ou encore perturbé par la disparition du vol MH 730, s’est posé à Melbourne au lieu de Kuala Lumpur.
Au-delà des suppositions un peu ironiques, examinons objectivement les faits.
Le vol, qui avait décollé de Sydney à 11h55, devait normalement atterrir 9 heures plus tard à Kuala Lumpur.
Dans un premier temps, son parcours fut bref : Melbourne est à 722 km au sud ouest de Sydney. Alors que Kuala Lumpur est à 6 611 km au nord ouest.
[1]Selon un rapport de l’autorité de la sécurité aérienne australienne, la faute semble incomber… au casque antibruit porté ou non par les pilotes. Un problème de communication en quelque sorte.
La cause serait due au fait que le commandant de bord et son copilote ont échangés leurs rôles respectifs durant la procédure de pré-vol.
Selon la procédure, c’est le commandant de vol qui doit normalement effectuer les contrôles extérieurs de l’avion pendant que le copilote effectue la « check-list » départ dans le cockpit. Il doit, entre autre, se charger de l’initialisation des commandes de vol et de navigation.
[2]Seulement, ce jour précis, le commandant de vol n’avait pas de casque antibruit. Il se chargea donc lui-même d’effectuer la check-list à la place de son second. Ce fut donc lui qui incrémenta les données de navigation que son copilote lui communiqua par signe depuis la piste. Errare humanum est.
Il saisit manuellement la position 15° 19.8’ east au lieu de 151° 9.8’ east. Ne vit sans doute pas le message « data entry error » qui s’était affiché pendant trop peu de temps selon ses dires ultérieurs.
L’erreur tient parfois à si peu de choses. Un chiffre qui est mal placé par exemple. Mais, petite cause grands effets, cela provoqua une différence de parcours de 11 000 km.
[3]Heureusement les systèmes de sécurité ont fait leur travail.Mais seulement après le décollage. L’avion était sur une mauvaise route.
Un autre alerte s’afficha : « Terrain – Terrain. » Les pilotes le virent. Ils furent effrayés par l’avertissement et comprirent que quelque chose ne « tournait pas rond. » Il fallait faire quelque chose, mais quoi ? Mais, l’espace aérien était libre devant eux et les pistes de l’aéroport de Sydney bien encombrées. Alors ils décidèrent de continuer leur chemin.
Les pilotes essayèrent bien de rectifier le tir ce qui eu pour conséquence de perturber un peu plus le système de navigation. Que ce soit celui de l’avion ou celui du contrôle aérien qui prenait en charge le vol.
Ils émirent le souhait de se poser à vue sur l’aéroport de Sydney, ce qui se révéla être impossible compte tenu des conditions climatiques. La moins mauvaise des solutions fut de se poser à Melbourne. Ce qui heureusement fut fait sans le moindre problème. La reprogrammation du système de navigation dura trois heures. L’avion pu repartir. Le retard à l’arrivée fut de 6 heures.
Air Asia affirme qu’une telle erreur ne se reproduira plus. Prenons-en acte. Mais, hélas, l’erreur est bien humaine.
François Teyssier