Rebondir ! Quand les experts du management en parlent, ce sont toujours des mots creux, surtout destinés à culpabiliser ceux qui se sentent définitivement rejetés par l’évolution économique actuelle.
Et pourtant, quand il s’agit d’une entreprise, ce discours peut parfois prendre corps et devenir une réalité.
C’est le cas de Louis Cruises, désormais nommée Celestyal Cruises depuis sa réorganisation et son changement de logo.
Retournant la crise qu’elle vivait, la dernière compagnie gréco-chypriote de croisières s’est entièrement reconstruite autour de sa niche originelle, la Grèce.
[1]« Animation, gastronomie, musique, vins, et surtout itinéraires… tout est pensé pour faire de Louis Cruises « Le » grand spécialiste des îles grecques » explique Clément Mousset (photo), le Directeur France de la compagnie.
Pour la compagnie cette spécialisation coule de source : non seulement elle est « chez elle » mais en plus c’est ce qu’elle peut faire de mieux, immédiatement.
L’Olympia et le Cristal, les deux bateaux que Louis Cruises exploite en propre aujourd’hui, sont de petite taille, avec respectivement 724 et 480 cabines.
Ils permettent ainsi de multiplier les escales originales, avec un délai d’embarquement/débarquement nettement plus court que leurs concurrents modernes.
Ce positionnement possède trois avantages :
D’abord, Louis Cruises sera structurellement seule sur son créneau, et pour longtemps !
Ensuite, la compagnie va profiter à fond du succès de la Grèce, une destination à la fois bon marché et sûre, deux atouts tombés du Ciel avec la crise économique du pays et le climat géopolitique du sud méditerranéen.
Enfin, elle peut installer un maximum de souplesse dans son produit, avec des départs potentiels sur quasiment l’ensemble de ses escales et de multiples combinaisons, entre les croisières elles-mêmes, mais aussi entre des croisières et des séjours terrestres plus ou moins longs.
Pour y parvenir, Louis Cruises, ou plutôt Celestyal Cruises, a su transformer ses handicaps en leviers commerciaux.
Ces bateaux sont vieux, d’accord ; mais ils sont aussi amortis, et leurs coûts de production autorise une gamme de prix difficile à concurrencer.
D’autant plus qu’ils vont être entièrement rénovés, avec plus de 5 M € de travaux prévus cet hiver sur chacun d’eux.
Ces navires sont lents également, mais leur vitesse est largement suffisante pour réaliser des itinéraires quasi exclusifs entre les nombreuses îles grecques.
D’ailleurs, Celestyal Cruises n’est pas la seule à parier sur cette « lenteur » ;
Costa Croisières joue aussi sur cet argument avec ses 3 navires « néo » et leurs itinéraires « découverte ».
Toujours est-il que les résultats sont là.
Pour 2014, Louis Cruises misait sur 2 000 pax ; ce sera sans doute plus de 4 500, auxquels il faut ajouter les 6 500 clients du Louis Aura, l’ex Orient Queen, qui est commercialisé par Rivages du Monde, GSA de la compagnie sur le marché français.
Pour autant, la compagnie ne fanfaronne pas pour 2015. Si elle stabilise ses ventes, à ses yeux, ce sera déjà bien.
En revanche, elle part à l’offensive en renouvelant sa croisière hivernale « Cuba » au départ de La Havane ou Montego Bay, en proposant des itinéraires au départ de Bari, histoire de relancer aussi le marché Italien, et préparant l’arrivée d’un 3ème bâtiment d’ici la fin 2015…
Si ça, ce n’est pas du rebond, alors je ne connais rien à la gymnastique.
Bertrand Figuier