Mon cher Hamid,
Avant toute chose je tenais à vous adresser mes plus sincères félicitations pour la haute distinction que la République française vous a octroyé. Récemment en effet vous venez de recevoir les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur. Pour ceux qui, comme moi, ont suivi votre parcours depuis votre entrée -il y a 27 ans de cela- au sein du Groupe Accor, voilà un bel hommage mérité.
Le jeune responsable des loisirs de l’époque aura gravi à force de travail, de perspicacité et d’intelligence, tous les échelons de ce grand groupe dont vous êtes désormais (et depuis 2012) le vice-président des opérations de luxe et haut de gamme pour l’Afrique et l’Océan Indien.
Il y a quelques mois déjà, une belle couronne de lauriers vous avait été tressée puisque vous aviez été élu « Personnalité de l’année 2014 » du secteur du tourisme au Maroc selon un sondage réalisé par Tourisma Post auprès de plus de 800 000 internautes de 47 pays
Tout ceci ne doit pas nous faire oublier que vous demeurez toujours néanmoins le porte drapeau et le premier ambassadeur de votre ville, Marrakech.
Vous restez le Président très écouté du Comité Régional du Tourisme de Marrakech, et n’avez jamais caché que vous entendiez faire entrer la ville ocre dans le Top 20 mondial des grandes destinations touristiques… « Une smart destination » pour reprendre vos propos. Et à l’évidence, votre volonté de privilégier le concept de tourisme durable, de renforcer Marrakech en tant que destination « Mice » tout en érigeant les nouvelles technologies d’information et de communication comme priorité… commence à porter ses fruits.
[1]De passage à Marrakech pour une immersion de trois jours au cœur de la 6éme édition de la Biennale d’Art Contemporain, nous ne pouvions que nous réjouir de toutes ces bonnes nouvelles .
Mais cher Monsieur Bentahar, même à l’heure des distinctions, toute médaille à parfois son revers. Et je ne vous cache pas que la crise touristique qui touche le Maroc désormais a de quoi inquiéter. La frilosité du marché français se ressent particulièrement. Et si ce n’était les milliers d’ expatriés qui vivent à Marrakech, force est de constater que l’on parle de moins en moins français dans vos hôtels.
Le Groupe Risma lui même, l’opérateur qui gère tous les hôtels du Groupe Accor au Maroc, fait les frais de cette crise. Et vient de présenter jeudi dernier des chiffres en berne, particulièrement dans votre secteur, celui du luxe et haut de gamme !
Bien sûr, nous direz vous, au Maroc cette baisse est surtout liée à la sortie du Sofitel Fès, et aux corrections comptables imposées « suite aux irrégularités constatées sur un complexe hôtelier du Groupe » . Mais les chiffres sont têtus.
Il ne faudrait pas en tout cas que ce « passage difficile » soit synonyme de démobilisation. Entendez par là que les personnels des Sofitel, cette chaîne si chère à votre cœur, balbutient leurs gammes.
[2]Comme souvent dans le passé, c’est au Sofitel Lounge & Spa que nous sommes descendus dans votre ville. Et entre deux visites d’expos de la Biennale, nous avons pu malheureusement constater ce que nous qualifierons -pour rester aimable- de dysfonctionnements eu égard aux prestations et aux services que l’on est en droit d’attendre dans ce type d’établissement.
Personnel peu disponible, service laissant à désirer, impossibilité d’obtenir certaines informations… A l’heure du petit déjeuner, c’est une armée mexicaine qui s’agite en salle de restauration. Mais amusez vous a demander une petite cuillère ou une serviette…
Et nous passerons sur le net besoin qu’auraient certaines chambres à bénéficier d’un rafraîchissement… Enfin, le comble, que dire de la délivrance à une personne qui nous accompagnait, d’une chambre censée être accessible aux handicapés… et pourtant dépourvue des équipements adéquats dans la salle de bains!!!
Croyez bien que j’ aurai aimé échanger sur tous ces sujets avec votre collègue, directeur de ce Sofitel, Ahmed Benkirane. J’avais d’ailleurs joint avant mon déplacement sa collaboratrice pour solliciter une interview. Mais la encore, et malgré notre insistance, rien n’y a fait.
On oubliera donc désormais votre palace fétiche. Et préférerons nous souvenir de ce week-end à Marrakech en pensant à la nouvelle dimension prise par la Biennale d’art Contemporain.
Tourisme et Culture devraient d’ailleurs prendre une part importante dans les objectifs de développement de votre ville. Et devenir l’une des pistes de travail du CRT .
[3]Le nouveau et remarquable MacMa, Musée d’ Art et de Culture de Marrakech, qui vient d’ouvrir ses portes quartier Guéliz grâce à l’initiative privée de Nabil El Mallouki, ne tardera pas à s’inscrire dans cette optique.
Si ce n’est fait, cher Hamid, je vous invite à aller y admirer les œuvres de Mahi Binebine.
Elles permettent de mieux comprendre certaines pages du passé et de l’ histoire du Royaume. Une histoire dont vous contribuez aujourd’hui à écrire les lignes….
Respectueusement vôtre.
Jean BEVERAGGI/ La Quotidienne